La justice acquitte une mère qui a tué sa fille handicapée
Lydie Debaine, qui a reconnu avoir tué en 2005 sa fille unique, handicapée motrice cérébrale âgée de 26 ans dont l'état de santé se dégradait, a été acquittée, mercredi 9 avril, par la cour d'assises du Val-d'Oise. Le verdict a été rendu sous les applaudissements du public. L'avocat général avait requis une "peine de principe" de trois ans de prison avec sursis. "La pire des sanctions, Lydie Debaine la vit déjà avec la perte de celle à qui elle a consacré son amour et sa vie", avait-il déclaré au cours de sa plaidoirie.
Lydie Debaine, 62 ans au moment des faits, était accusée d'avoir donné plusieurs cachets d'anxiolytiques à sa fille avant de la plonger dans une baignoire pour la noyer, le 14 mai 2005. Née prématurée avec une grave infirmité motrice cérébrale, Anne-Marie était invalide à 90 %. A 26 ans, elle avait l'âge mental d'un enfant de 5 ans. Elle souffrait depuis plusieurs années de crises d'épilepsie, de violents maux de tête et de vomissements.
"J'espérais mais je ne m'y attendais pas", a déclaré Mme Debaine après l'énoncé du verdict. "C'est une reconnaissance des souffrances et de ce qui a provoqué mon geste. Je pense à ma fille. Cet acquittement va me libérer même si ça n'efface pas tout."
Les acquittements dans ce type d'affaires sont très rares. En 1994, notamment, la cour d'assises du Finistère avait acquitté un père qui avait poignardé son fils handicapé mental.
Le Monde, 9/04