Une jeune fille de dix-sept ans violée par dix personnes à Alger
Elle a été victime des pulsions criminelles de ses agresseurs à Beni Messous, dans la capitale algérienne
Les rapports humains ne sont plus ce qu’ils étaient, en Algérie. La haine, la violence et les agressions sont légion. Il ne se passe pas un jour sans que les journaux ne se fassent l’écho de cas d’atteintes aux personnes.
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mardi 26 février 2008, par notre partenaire El Watan
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La terreur mine les liens sociaux et les victimes sont nombreuses et surtout de plus en plus jeunes. B. K., une jeune fille de 17 ans, a subi l’intolérable mercredi dernier à Beni Messous. Seule face à dix hommes, elle a été marquée de l’empreinte de la barbarie humaine, de l’expression de la bestialité de l’homme, de l’infâme soif d’assouvir une besogne criminelle. B. K. a été violée 16 fois par 10 hommes en une longue et interminable journée. Ses agresseurs n’étaient ni des terroristes ni des criminels notoires et encore moins des chômeurs désœuvrés.
Agés entre 20 et 23 ans, ces jeunes gens ont tous un emploi et leurs frêles silhouettes les noient facilement dans le tumulte de la ville. Venant de Larbaâ, après avoir fugué, B. K. a rencontré C. R. sur sa route la menant chez son oncle habitant à Beni Messous. Sa vulnérabilité d’adolescente la laisse s’engouffrer avec cet inconnu dans une baraque de fortune, au milieu d’un espace boisé, là où l’insoutenable arriva. Elle y passa la nuit, puis son nouvel « ami » la surprend en invitant neuf de ses congénères à pénétrer dans la baraque et à abuser collectivement de « sa proie », trophée de sa chasse de la veille. B. K. ne put s’extraire de ce cauchemar. Immobilisée par ses agresseurs, elle compta les heures, les minutes et les secondes, en priant qu’ils en finissent de la supplicier, qu’ils arrêtent d’abuser de sa jeunesse et qu’ils mettent fin à cette peine dictée par leurs pulsions criminelles. Pour son malheur, la drogue et l’alcool ingurgités par ses bourreaux n’ont fait que prolonger son martyre. « Après avoir compris qu’ils allaient tous me violer et voyant que je ne pouvais ni crier ni fuir, je n’ai plus pensé qu’au moment où ils en termineront avec moi et me laisseront partir », confie-t-elle à Boukaoula Zohra, psychologue de la gendarmerie chargée de la prendre en charge.
Dépasser la honte pour parvenir à témoigner
Deux jours après ce forfait, samedi dernier, le père de B. K. se présenta à la brigade de gendarmerie de Beni Messous pour déposer plainte contre X. Le poids des traditions a failli pousser ce père de famille à rebrousser chemin et se contenter de prier pour que les criminels qui ont emporté la virginité de sa fille soient punis par la justice divine. C’est devant l’insistance du chef de brigade de la gendarmerie de Beni Messous que le père consent à ce que sa fille participe à identifier les auteurs du crime dont elle a été victime. C’est d’ailleurs grâce à la consultation du fichier photos des repris de justice détenu par ses services qu’un des auteurs a été identifié, le fameux C. R. rencontré la veille du crime. « Nous avons pu lui mettre la main dessus le jour même et il finit par révéler l’identité de ses complices », explique le commandant Berrahal Abdelkader de la compagnie de gendarmerie d’Alger en soulignant que ses complices ont des casiers judiciaires vierges.
A noter que B. K. n’avait parlé que de six violeurs. Ce n’est qu’après avoir discuté avec la psychologue qu’elle révéla qu’elle avait été violée par dix personnes. « Le sentiment de honte et de gêne l’empêcha de prononcer le nombre dix, il lui paraît tellement énorme qu’elle tenta de l’oublier en le minimisant », explique Boukaoula Zohra du service de psychologie de la Gendarmerie nationale. Il est connu que les femmes violées sont aussi victimes d’un sentiment de culpabilité, ajoutant à la douleur de l’acte criminel une autre souffrance psychologique. C’est grâce à son témoignage pourtant que la gendarmerie a pu mettre la main sur ses agresseurs en l’espace de vingt-quatre heures. « Nous traitons beaucoup d’affaires liées à ce type de crime, mais il faut savoir que beaucoup de familles ne déposent pas plainte pour la simple raison de ne pas ébruiter la perte de virginité de leur enfant. Ce qui fait que la réalité est de loin plus dramatique », explique le commandant Berrahal. Ce dernier précise que les dix accusés devront être présentés au procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs dans deux jours.
Nadjia Bouaricha, pour El Watan
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