Les femmes n’ont pas le sens de l’orientation, les hommes ne supportent pas la douleur. Et les femmes viennent de Venus et les hommes de Mars. Depuis quelque temps, et surtout depuis la sortie du bestseller de John Gray, de nombreuses études tendent à confirmer l’idée selon laquelle hommes et femmes ont des capacités différentes, capacités dictées par la génétique. Les résultats de ces études s’étalant dans la presse, de plus en plus de gens sont convaincus de cette prédisposition génétique. Pas la peine de m’acharner à faire acquérir du vocabulaire à mon fils, il n’y arrivera pas, c’est génétique. Pas la peine de faire prendre des cours de maths à ma fille, elle sera nulle de toute façon, c’est génétique.
Des scientifiques s’inquiètent du développement de cette pseudo-science qu’ils appellent le «neurosexisme», rapporte le Guardian. Dans un livre à paraître en septembre en Grande-Bretagne, Cordelia Fine, chercheuse à l’université de Melbourne, l’affirme:
«Il n’y a pas de grandes différences neurologiques entre les sexes. Il peut y avoir de légères variations entre le cerveau des femmes et des hommes, mais le “câblage” est souple, malléable et modifiable.»
En effet, les études contestées développent l’idée selon laquelle les terminaisons nerveuses du cerveau masculin seraient différentes de celles du cerveau féminin. Par exemple, Slate vous avait déjà parlé des recherches d’une université mexicaine démontrant que les hommes comprennent mieux les itinéraires, mais que la gent féminine en conserve un bien meilleur souvenir.
Pour Lise Eliot, professeur associé basé à l'École de médecine de Chicago, tout cela est de la pseudo-science. Une façon de perpétuer les clichés sociaux machistes en les enrobant de «vérité» scientifique. Elle l’affirme à The Observer, la version week-end du Guardian:
«Oui, il y a des différences fondamentales de comportement entre les sexes, mais il faut noter que ces différences augmentent avec l'âge parce que les préjugés sur l’intellect de nos enfants sont exagérés et intensifiés par notre culture sexuée. Les enfants n'héritent pas des différences intellectuelles. Ils les apprennent. Ils sont le résultat de ce que nous attendons un garçon ou une fille.»
Du coup, les parents ont tendance à développer l’adresse des garçons, tandis qu’ils insisteront sur le langage pour une fille, sensée être naturellement bavarde, alors que l’idée selon laquelle les filles parlent plus tôt est également un cliché social (un professeur à l’institut de psychiatrie de Londres parle d’une différence infinitésimale).
Source: Slate.fr du 15 août 2010