Ces plantes qui nous rendent belles
Prendre soin de soi avec des fleurs, des racines, c'est naturel ! Les jardiniers de la beauté savent faire parler les plantes....
Des principes actifs 100 % naturels
On dénombre environ 800 000 espèces sur la planète. Cette diversité moléculaire est telle que les chercheurs sont dans l'impossibilité de l'égaler chimiquement par des actifs de synthèse. D'autant que, dans une plante, tout est digne d'intérêt : racines, feuilles, tige, fleurs... Chaque partie est une usine à produire des molécules biologiquement actives et différentes d'un bout à l'autre du végétal. Et puis, ces molécules ont beaucoup plus d'affinité avec l'organisme que les synthétiques. Quoi de plus naturel, pour nous qui faisons partie de cette nature, que de la sentir près de nous, prête à soigner nos petits maux et à nous faire du bien !
L'aloe vera ressource les peaux sèches
Peau de serpent, épiderme déshydraté ? Rien de tel qu'un soin à l'aloe vera pour rétablir l'équilibre cellulaire. Tiraillements, inconfort, perte d'éclat ... Votre épiderme manque d'eau. Il ne parvient pas à conserver celle naturellement présente dans ses tissus. Parce que son film protecteur, également appelé film hydrolipidique, est poreux comme un buvard ou détérioré. Parce qu'en raison d'un petit défaut de fabrication, sa couche cornée est trop épaisse et que la régulation naturelle de l'eau s'effectue mal. Parmi les plantes capables d'apporter une réponse aux peaux sèches, l'aloe vera est l'une des plus intéressantes.
Cette plante, qui croît dans les zones désertiques, ressemble à un cactus, même si elle n'en est pas un. Les Egyptiens la connaissaient déjà, il y a 3000 ans, et l'on murmure que les reines Cléopâtre et Néfertiti tenaient d'elle leur teint radieux. Bien sûr, on en sait davantage aujourd'hui sur cette variété étonnante dans laquelle on a pu identifier plus de cent soixante composants (minéraux, enzymes, vitamines, acides aminés...). Le suc extrait de ses feuilles est d'ailleurs utilisé dans une kyrielle de produits de beauté, des soins solaires aux rouges à lèvres. L'aloe vera fait aussi merveille pour apaiser les peaux sensibles et déshydratées, auxquelles il apporte souplesse et réconfort.
L'iris soigne les peaux grasses
Elle brille d'un éclat dont vous vous passeriez volontiers et se fait remarquer par des pores dilatés, des points noirs et autres petits boutons. Votre peau a le sébum généreux. Et savoir qu'elle vieillit moins vite qu'une peau sèche ne console guère les moins de 40 ans ! Encore faut-il prendre des gants avec elle, la soigner sans l'irriter, l'hydrater, et la matifier. Autant de propriétés recélées par l'iris. Pour les peaux mixtes ou grasses, il est synonyme de douceur et de matité grâce à la présence d'acides gras, des actifs aux propriétés adoucissantes et hydratantes, de flavonoïdes, protecteurs et tonifiants, et de tanins, astringents (qui resserrent les pores). Sachez-le, dans le langage des fleurs, l'iris est annonciateur de messages et de bonnes nouvelles.
L'avocat fait un grain de satin
Votre visage paraît plus que son âge ? La peau se marque de ridules, elle desquame par endroits et manque de souplesse ? C'est l'avocat qu'il lui faut ! Une plante à la fois reconstituante et protectrice. Bien avant l'arrivée des conquistadores espagnols, les Amérindiens employaient déjà sa chair pour protéger leur peau des vents desséchants et ils en préparaient des onguents destinés à retarder le vieillissement. Une fois introduit en Europe, l'avocat, longtemps surnommé la « poire des Amériques », entra dans la composition des pommades pour la cicatrisation des blessures. En cosmétique, l'huile extraite de son noyau nous intéresse pour sa richesse en acides gras et en lécithine. Elle est parfaite pour nourrir votre épiderme déshydraté, mais également pour apaiser les réactions inflammatoires de type coup de soleil. Malgré sa texture un brin collante, elle pénètre rapidement sans laisser de sensation de gras.
L'argan rajeunit et protège la peau
Nul besoin d'être un spécialiste pour observer que nous ne vieillissons pas toutes à la même vitesse. Certaines n'ont pas l'ombre d'une ride à 40 ans, d'autres sont déjà très marquées à 30 ! Mais si l'on ne peut lutter contre un héritage génétique, il est possible d'apporter à la peau ce qui lui manque pour retarder les effets du temps sur le visage : rides, mais aussi relâchement cutané et taches brunes. L'arganier, aussi rare que précieux, agit sur ces trois points. Son huile est extraite d'une amande, fruit de l'arganier, un arbre qui pousse exclusivement dans le Sud-ouest marocain. Il est aussi appelé « arbre de fer », à cause de la dureté de son bois.
La préparation de l'huile d'argane est artisanale et complexe : on casse le fruit entre deux pierres pour en extraire les amandes, qui sont ensuite torréfiées sur un feu doux. Refroidies, elles sont broyées dans un moulin et transformées en farine. Cette dernière est aspergée d'eau, puis pétrie à la main afin d'en libérer la fameuse huile. Depuis toujours, les Marocaines utilisent cette huile très riche en acides gras comme produit de beauté. Ses vertus restructurantes et revitalisantes préservent la souplesse, la tonicité et la douceur de la peau du visage, comme celle du corps, et ce malgré le soleil. Nos coups de coeur
Le karité nourrit des pieds à la tête
Vous en avez assez d'avoir tant de mal à vous coiffer ! Ternes, rêches, les cheveux secs sont cassants, fourchus et franchement rebelles. Si la chevelure peut être génétiquement sèche (c'est le cas des cheveux frisés), toutes le deviennent si on modifie leur couleur naturelle, quand on utilise trop souvent un séchoir brûlant, ou lorsqu'on les démêle sans égard. Si vous n'êtes pas prête à renoncer à votre balayage, ni à votre brushing, compensez leurs effets desséchants avec un actif aussi hydratant que nourrissant et réparateur. Le karité est idéal. D'ailleurs, lorsque les explorateurs revenaient d'Afrique, ils parlaient d'un « beurre d'arbre » qui protégeait les indigènes de la sécheresse et leur servait à soigner nombre de petites affections. Il s'agissait du beurre de karité, fabriqué à partir de la graine issue de l'arbre du même nom. Aujourd'hui, c'est un classique de la cosmétique. Aussi bon pour la peau que pour les cheveux, qu'il répare et régénère. Le karité protège aussi des UV, grâce à l'acide cinnamique qu'il contient. Ce sont toujours des arbres spontanés qui sont exploités en Afrique tropicale, toutes les cultures du karité ayant échoué.
Le bambou fait des cheveux tout neufs
Ce roseau domestique originaire d'Asie est désormais cultivé dans le monde entier. Il pousse incroyablement vite (cinquante centimètres par jour) et peut atteindre les dix mètres de haut. La moelle présente en son coeur une mine d'actifs : fer, amidon, cellulose, protéine, calcium, vitamine B.
Reminéralisant, tonifiant, le bambou fait merveille sur les cheveux fins, abîmés et fragiles. D'autant que sa richesse en silice restructure le cortex du cheveu en le saturant d'acides aminés.
L'orange, le pamplemousse et le citron donnent de l'éclat
Des cheveux brillants comme des miroirs ? C'est le principal souhait des femmes en matière de capillaires. Synonyme de bonne santé et de séduction, cette brillance est due à un simple phénomène optique. Quand les écailles de kératine, qui gainent chacun de nos cheveux, sont resserrées, lisses et brillantes autour du coeur de ces derniers, la lumière s'y réfléchit et créer ces jolis reflets qui nous séduisent tant. Lorsqu'ils sont ternes, autrement dit lorsque ces fameuses écailles sont disjointes, plus ou moins soulevées, abîmées, la lumière ne s'y reflète pas. Certaines d'entre vous se souviennent sans doute du jus de citron ou de vinaigre que l'on ajoutait dans la dernière eau de rinçage du shampooing. Leur nature chimique acide compensait l'alcalinité du shampooing (souvent du savon de Marseille) et les écailles du cheveu se resserrant, l'ensemble brillait. Ce sont ces reflets que l'on obtient avec des shampooings et autres vinaigres capillaires aux acides de fruits. La richesse naturelle de la pulpe de ces fruits en vitamine C et en acides de fruits en fait des antiternes capillaires de premier choix. Ils apportent au cheveu l'acidité nécessaire pour rééquilibrer son pH, refermer et lisser les écailles tout en éliminant les résidus calcaires.
L'ortie assainit le cuir chevelu gras
Elle pique certes, mais que de bienfaits elle dispense... Si depuis l'Antiquité on appréciait les graines de l'ortie pour leurs effets aphrodisiaques et expectorants, et ses feuilles comme laxatif et diurétique, aujourd'hui on ne peut se priver de ses racines. Ces dernières renferment des composés (stérols) qui régulent une enzyme intervenant dans la production de sébum. Lorsqu'on a des cheveux gras, un shampooing aux extraits d'ortie permet de laver le cuir chevelu en douceur, tout en tempérant l'ardeur des glandes sébacées. Elle est aussi utilisée pour redonner du volume et de la légèreté.
Certains végétaux forment un bouclier antipollution
Qu'il s'agisse de gaz d'échappement ou de particules en suspension dans l'air (fumées, suies ou métaux), le résultat final est le même. Notre peau souffre de la pollution, qui la dessèche, et accélère son vieillissement. Une étude réalisée par les laboratoires L'Oréal à Mexico confirme ses effets délétères : elle diminue les taux de squalène dans le sébum et la vitamine E. Conséquences, la peau est plus vulnérable aux bactéries et aux radicaux libres. Elle vieillit précocement, et devient de plus en plus sensible et réactive. Les principaux acteurs de cette dégradation sont l'ozone et le dioxyde d'azote, très présents dans les villes soumises à la fois à la pollution et à un ensoleillement important.Comment protéger sa peauEn se lavant le visage chaque soir, même lorsqu'on ne se maquille pas. Et en appliquant des soins riches en actifs antioxydants, à base de plantes. Le thé vert par exemple, les pépins de raisin ou le ginkgo biloba, un arbre d'une résistance exceptionnelle puisqu'il a survécu à l'explosion atomique d'Hiroshima. Passionnant aussi, le kinkelina, un arbuste du continent africain repéré par les laboratoires Christian Dior, dont les feuilles ont la propriété d'inhiber certaines micro-particules polluantes lorsqu'elles se déposent à la surface de notre peau.
L'avis des spécialistes
Bruno Bordenave docteur en botanique tropicale, attaché au Muséum national d'histoire naturelle (Paris)
Pourquoi chercher des plantes à l'autre bout du monde ?
Mon travail actuel, pour les laboratoires, n'exclut pas, a priori, les plan-tes de nos régions. Et si certaines sont tombées en désuétude, il peut être intéressant de se pencher à nouveau sur leurs propriétés. Si nous nous tournons vers des variétés exotiques, c'est avant tout pour élargir notre choix et notre champ d'investigation. Celles-ci doivent supporter des conditions extrêmes pour croître et il est utile d'étudier les moyens par lesquels elles y parviennent. Ensuite, on ne peut négliger l'aspect de la communication. Des végétaux qui nous font rêver
Ces plantes du bout du monde ont un pouvoir évocateur, elles véhiculent une histoire qui frappe l'imaginaire. Par exemple, la mourera, que l'on trouve dans le dernier soin Clarins, la crème Multi-active jour protection plus, vient de Guyane. La plante possède une exceptionnelle capacité de résistance face à la violence des rapides où elle pousse. Elle renferme des molécules dotées de propriétés biorégulatrices et hydrorégulatrices. Dorénavant, nous travaillons sur les propriétés de certains fruits de l'Amazonie brésilienne qui semblent très prometteurs. Claude Fromageot directeur scientifique et technique chez Yves RocherExploiter la nature sans l'épuiser, c'est possible ?
Il est important de veiller à respecter les équilibres, qu'ils soient bio-logiques ou économiques. Il est donc primordial de rechercher des plan-tes sans piller la propriété naturelle des pays pauvres. Par exemple, au Burkina Faso, lorsque nous avons eu besoin de sésame, nous sommes passés par des coopératives locales. Il arrive également que les variétés n'existent qu'à l'état sauvage et que leur exploitation soit impossible. C'est le cas du karité, comme celui de l'andiroba, que nous utilisons dans nos produits amincissants. Nous nous sommes ainsi rendus en Amazonie accompagnés d'ethnobotanistes afin de vérifier que l'usage que nous en faisons ne perturbe pas l'équilibre de la population. De fait, nous utilisons les parties de la plante qu'ils ne consomment pas. Il s'agit de respecter les éco-systèmes, d'éviter la déforestation et d'être attentif aux besoins de la population locale. Pour autant, de notre côté, nous nous tournons aujourd'hui de moins en moins vers les plantes exotiques. Les approvisionnements sont souvent incertains et rendent la démarche plutôt périlleuse. A contrario, nous cultivons de plus en plus de plantes en Bretagne, en appliquant les principes de l'agriculture biologique. Patrice de Bonneval, herboriste et directeur de l'Ecole lyonnaise des plantes médicinalesRedécouvrons-nous aujourd'hui les vertus des plantes ?
Je constate que ce qui est pour moi une évidence ne l'était pas forcément pour tout le monde. Les plantes sont efficaces pour notre bien-être et elles l'ont toujours été...Elles ne pouvaient donc pas disparaître. Mais elles ont peu à peu cédé du terrain face aux principes actifs chimiques. Même s'il est important de remarquer que ce n'est pas parce que l'on reparle de plus en plus du végétal que les personnes en font davantage d'usage. Pourtant, il est certain que dans le domaine de la beauté, les végétaux ont le vent en poupe. En parfaite affinité avec la peau, elles ont des vertus thérapeutiques que l'on re-marque vite. Par contre, il ne convient pas d'opposer produit naturel et produit chimique en cosmétique. Dans ce domaine, la grande majorité des bases est chimique, ce qui va conférer à la crème des qualités d'apparence et d'absorption appréciables. Les molécules chimiques peuvent alors servir de vecteur aux molécules naturelles, qui agiront avec d'autant plus d'efficacité au coeur de la peau.
Distinguer phytothérapie d'aromathérapie
La phytothérapie
(du grec phyton, plante), ou médecine par les plantes, est certainement la plus ancienne médecine du monde. Elle utilise les vertus d'extraits de plantes (feuille, tige, fleur ou racine). Aujourd'hui encore, en Occident, la majeure partie des médicaments existants reste issue du végétal.
L'aromathérapie,
utilise les propriétés des huiles essentielles, c'est-à-dire la fraction odoriférante des plantes, obtenue le plus souvent par distillation à la vapeur d'eau. Les principes actifs y sont alors jusqu'à cent fois plus concentrés que dans le végétal frais. A noter enfin : l'action des huiles essentielles peut être tout à fait différente de celle de la plante dont elles sont issues.