Tatouage et piercing : Nouvelle réglementation
Infection ou allergie ne sont pas rares après un tatouage ou un piercing. Pour limiter les risques, un décret prévoit que désormais, seul du matériel stérilisé pourra être utilisé. Toute activité de tatouage ou de piercing devra être déclarée en préfecture.
Se faire tatouer ou percer la peau n'a rien d'anodin. Sans qu'on sache exactement à quelle fréquence les incidents surviennent, les risques d'infection ou d'allergie sont bien réels. L'Académie de médecine rapporte même des complications rares, mais graves, comme la gangrène, l'endocardite, l'hépatite virale ou des contaminations tuberculeuses. C'est pourquoi la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a décidé d'établir par décret les conditions réglementaires et sanitaires auxquelles se soumettront désormais les salons de tatouage et de piercing.
Au niveau de l'hygiène, tout d'abord, les tatoueurs et spécialistes du piercing seront tenus de respecter des règles de bon sens : ils ne pourront utiliser que du matériel à usage unique stérile ou des aiguilles stérilisées avant chaque usage, et auront au préalable suivi une formation sur le sujet. Ils devront pratiquer leur « art » uniquement dans un local approprié et exclusivement réservé au tatouage ou au piercing. Les déchets, par exemple les compresses ou morceaux de coton souillés, seront éliminés comme les déchets d'activités de soins, car ils peuvent être infectés. Enfin, les produits utilisés, que ce soit l'encre ou les bijoux, seront obligatoirement conformes, en termes de qualité et de méthodes de fabrication, aux normes applicables à l'ensemble des cosmétiques.
Le cadre réglementaire se durcit également. Toute activité de piercing ou de tatouage fera l'objet d'une déclaration en préfecture. Et il sera interdit de pratiquer un piercing sur un mineur ou de lui faire un tatouage sans l'autorisation écrite de ses parents. Par ailleurs, avant toute intervention, le client devra avoir été explicitement informé des risques encourus.
Avec ce décret, le ministère de la Santé encadre une profession qui ne l'était jusqu'alors que très peu. Les dispositions adoptées sont assez fidèles à ce que réclamait, début janvier, l'Académie de médecine, qui considère le tatouage et le piercing comme de « véritables agressions corporelles ». Au point que l'institution souhaitait voir interdit aux mineurs le perçage de la langue, des mamelons et des régions génitales, jugé trop dangereux.
Anne-Sophie Stamane
Quechoisir.org