Prison : Femmes entre deux mondes...
La société algérienne vit encore sous le poids de tabous et des préjugés, dès lors qu'il s'agit de personnes présentant un casier judiciaire, en particulier les femmes.
«Socialement», ces femmes sont «mortes» parce que la société ne leur porte que très peu d'estime lorsqu’elles ont eu des démêlés avec la justice, et ce, quelles que soient les causes de leur détention. «El habs lerdjal», comme dit le dicton (la prison, c'est pour les hommes).
Cependant, la condition des femmes en prison est très différente de celle des hommes. La plupart du temps, elles arrivent déjà brisées par des années, quand ce n'est pas une vie entière, d'abus physiques, moraux et sexuels exercés sur elles. Mais avec le temps, elles s’adaptent, non pas parce qu’elles sont fortes de caractère, mais c’est juste une question de survie. La question qui les tourmente le plus, c’est leur devenir. La réinsertion n’est pas facile. Les femmes ayant purgé des peines de prison se trouvent confrontées à de sérieux défis lorsqu'elles souhaitent réintégrer la société. Même si actuellement, les conditions de détention se sont nettement améliorées. Fini le temps où le travail qu'on leur proposait se limitait à les maintenir dans des stéréotypes d'autrefois : le linge, la couture, le cartonnage. Un véritable programme leur est proposé.
Maintenant, leur faible nombre n’est plus la cause évoquée pour une réinsertion sociale. La population carcérale féminine est actuellement de 876 personnes sur 60000 prisonniers à travers tout le territoire national. Le taux de criminalité chez les femmes est très bas en Algérie et la plupart de ces femmes sont condamnées pour des délits liés aux mœurs.
Pour cela, un nouveau projet de réinsertion a été entrepris par le ministère de la Justice et l’administration pénitentiaire pour fournir une assistance à ce segment de la population souvent exclu. La stratégie de réadaptation lancée consiste à aider les femmes incarcérées et à les encourager à poursuivre des études sinon à suivre une formation professionnelle car elles éprouvent plus de difficultés à trouver un emploi que les hommes. Les diplômes remis en fin de parcours ou à leur sortie ne portent pas la notion de prison. «L'objectif est de les réinsérer pleinement dans la société», avait déclaré M. Mokhtar Felioune, directeur de l’administration pénitentiaire.
Par ailleurs, le taux d’inscription pour poursuivre des études à travers les différentes prisons est en nette augmentation depuis 2005. Le taux de réussite est également élevé. Si l’on considère, par exemple, le cas de la prison de Coudiat à Constantine, elles étaient, pour l’année 2006/2007, 23 femmes inscrites aux différents paliers de l’enseignement et la plupart ont réussi leur année.
Pour l’année 2007/2008, la prison compte 54 inscrites aux différents paliers dont 4 devront passer le bac, 4 en terminale lettres avec des études par correspondance évidemment et une inscrite à l’université poursuit ses cours à la Faculté de droit de l’université Mentouri.
LeSoird'Algérie, 7/03
I. T.