L’Algérie s’invite à la Goutte d’or
Une série d’activités culturelles et cinématographiques sont programmées à cette occasion. Organisées sous forme de concerts, soirées festives, expositions photos et de peinture, projections de films, l’Algérie de la Goutte d’Or se déclinera dans sa dimension sociale et historique.
L’objectif de cet événement est double : mettre en lumière une période de l’histoire de ce quartier historique, notamment durant les années 1950 et 1960, et montrer les apports de l’immigration algérienne à la France dans différents domaines.
Un cycle de conférences sera organisé à partir du 7 mai à l’intérieur de la bibliothèque du quartier. La première réunira le sociologue, Alexis Spire, qui parlera de l’immigration en France aujourd’hui. Il tentera également, et c’est une première, de dresser le profil de ces femmes et ces hommes qui décident en solitaires, derrière les guichets des préfectures françaises, de l’attribution des papiers aux étrangers ou au contraire de leur reconduction à la frontière. Le sociologue essayera de découvrir la face cachée de cette machine à trier les sans- papiers. Coté histoire, une conférence sur le rôle du quartier de la goutte d’or pendant la guerre de libération est prévue avec de nombreux spécialistes et témoins de cette période. Elle devrait notamment montrer comment à partir de 1920, une enclave algérienne s’est formée au sein de ce quartier mythique, avant que d’autres nationalités maghrébines ne s’y installent vers 1960.
Connue également comme étant un noyau central des mouvements nationalistes algériens depuis les années 1930, la Goutte d’or a aussi été un champ de bataille fratricide entre le FLN et le mouvement national algérien MNA, entre 1954 et 1957. Mieux organisé à l’époque, le parti de la libération s’est finalement imposé en réussissant à mettre en place une organisation efficace chargée de soutenir en argent et en renseignements la guerre de libération.
Par ailleurs, plusieurs expositions retraceront l’histoire d’un siècle d’immigration algérienne en France. Depuis l’arrivée des premiers kabyles par bateaux à Marseille entre 1905 et 1912, jusqu’aux voyages massifs d’Algériens pour les besoins de main-d’œuvre chez Renault et Peugeot dans les années 1960.
Aujourd’hui, ce sont de jeunes clandestins qui continuent de se déverser sur Barbès et les quartiers environnants. Quartier de musique et de musiciens, le festival « Algérie à la Goutte d’or » verra se produire sur ses placettes plusieurs artistes d’origine algérienne. A l’image de Samia Diar, qui avec sa voix fiévreuse et puissante, nous replongera dans les tourments d’un pays (Algérie ndlr) qu’elle voudrait voir renaître, de l’oppression subie par les femmes et des jeunes qui désirent vivre dans la liberté et la dignité. Le ministère des affaires populaires (MAP), un groupe de rap local va réinventer le bal populaire et conter l’histoire de ces vieux émigrés dont les enfants coulent des jours tristes et sans lendemains à l’intérieur des cités fermées et pauvres. Il y aura aussi de la musique kabyle avec Amar Oukaci et châabi avec Sid Ahmed Lahbib. Enfin, une projection documentaire trésor des scopitones nous replongera dans les années de Kamal Hammadi, Salah Sadaoui, Akli Yahiatène et les autres….
Par Yacine Farah
El Watan 20/04