Mode : quand la guerre d'Algérie inspire les branchés new-yorkaisPour la griffe « Nom de guerre », des créateurs s'inspirent des tenues de l'époque… sans intention politique affichée.
Nostagiques de la guerre d'Algérie, le style OAS vous tend les bras ! Un collectif de designers new-yorkais très hype s'est inspiré de la période pour sa collection printemps-été 2010. Ironiquement, la griffe s'appelle Nom de guerre… pour un conflit qui est longtemps resté « la guerre sans nom ».
Comment les épaulettes de Bigeard et Massu ont-elles pu atterrir sur les podiums branchés de Manhattan ?
Sur son site (en anglais), la marque précise que la dernière collection ne se limite pas aux seuls uniformes de l'armée coloniale. Et qu'elle intègre aussi des silhouettes inspirées des forces de la contre-rébellion civile.
La marque affiche une ambition savante qui puise dans la Nouvelle Vague comme chez le réalisateur Chris Marker. Mais les plaies de la guerre semblent bien loin de l'esprit des créatifs derrière ces fringues.
Des modèles peu visibles en FranceEn France, difficile de trouver les articles griffés « Nom de guerre ». La marque reste largement confidentielle. Deux fashionistas confirment à Rue89 qu'elles n'ont aperçu qu'un très petit nombre de pièces au concept store Colette -et, très rarement, encore. L'essentiel des ventes se faisant sur des sites de e-commerce pointu.
Malgré sa dimension subversive (voire vomitive), la nouvelle ligne a encore fait peu parler d'elle. Mais le blog tendances « Materialiste » a salué, photos à l'appui, la sortie des modèles qui fleurent bon le début des années 60.
Précision : ce blog animé par Mathieu Lebreton, rédacteur en chef de 24 ans, arbore fleur de lys et blason tricolore sur sa homepage. Attributs identitaires ? Oui, mais « pas au sens politique », assure le fondateur du blog :
« En France, il y a une grande pudeur à utiliser le drapeau, les couleurs bleu blanc rouge, contrairement à ce qu'on observe aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Comme si ça appartenait à l'extrême-droite.
Alors que nous, nous sommes lus de plus en plus aux Etats-Unis, et nous voulions affirmer notre côté français. »
« Cette année, le militaire est la grande tendance »A ses yeux, les relents polémiques que peuvent charrier une telle collection algérienne n'ont rien de flagrant aux yeux du public américain :
« C'est un label hyperconfidentiel créé par un collectif en 2003. Ils sont de plus en plus matures et intéressants mais, dès le début, ils se sont intéressés aux looks tirés de l'armée.
Cette année, le militaire est la grande tendance. A mon avis, l'Algérie était plus un prétexte qu'autre chose, pour eux. »
Un prétexte à quoi ? « Plutôt au côté vintage qu'à l'interprétation politique » du symbole, affirme le rédacteur en chef de Materialiste. Reste à voir si le buzz marketing fera plutôt des ravages du côté de la rue Saint-Honoré ou dans les travées des facs françaises les plus traditionnalistes.
Par Chloé Leprince | Rue89 | 21/03/2010 |
Le site :
http://www.nomdeguerre.net/