Un couple a été condamné à la peine capitale, à Safi, pour avoir tué et coupé le corps d’une bonne de 12 ans avant de mettre les morceaux dans des sachets et de les éparpiller dans la nature
Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Safi. Fatima et son mari se tenaient, ce jour de novembre, au box des accusés. Tous deux sont poursuivis pour coups et blessures ayant entraîné la mort d’une bonne de douze ans sans l’intention de la donner et mutilation de son cadavre.
Il y a plus de trois ans que Fatima s’est rendue aux alentours de Sebt Gzoula pour chercher une bonne à tout faire. D’ailleurs, c’est une proche qui lui a donné l’adresse d’une famille pauvre ayant une fille, Wafae, âgée de neuf ans. Jamais scolarisée, cette dernière semble être préparée pour subvenir, à bas âge, aux besoins de sa propre famille en travaillant comme domestique. Son destin l’a mise entre les mains de Fatima. Dès le premier jour, cette femme quadragénaire a montré son visage d’une femme sans pitié. En fait, elle devait traiter Wafae comme l’une de ses filles. Malheureusement, elle l’a traitée dès le début comme un animal. Pour la simple raison, elle n’hésitait pas de la violenter sans raison . Wafae devait se réveiller tôt et dormir tard. Elle devait obéir à toutes les commandes et à tous les ordres. Sinon, le châtiment corporel était sa récompense.
Chaque deux mois, le père de Wafae venait chez l’employeuse de sa fille pour empocher 800 DH. En fait, Wafae ne gardait jamais le moindre sou des 400 DH qu’elle touchait mensuellement. Elle ne pouvait même pas lui raconter le calvaire qu’elle éprouvait quotidiennement. Wafae souffrait en silence jusqu’au jour où l’irréparable s’est produit. Wafae est à son douzième printemps. Comme à l’accoutumée, elle s’est réveillée tôt, a préparé le petit-déjeuner pour la famille, a lavé la vaisselle et elle s’est préoccupée d’autres tâches domestiques. Tout d’un coup, l’employeuse, Fatima, est venue pour contrôler le travail de Wafae. Elle s’est rendue compte que l’une des chambres n’est pas encore arrangée, ni nettoyée. Hors d’elle, Fatima l’a giflée. Wafae s’est réfugiée dans la cuisine. Fatima l’a rejointe, a saisi une cocotte-minute et lui a asséné quelques coups sur la tête. Tout d’un coup, Wafae a perdu connaissance. Fatima s’est arrêtée de la frapper. Elle a essayé de la réveiller. En vain. Son mari est arrivé.
Elle lui a raconté l’histoire. Que devaient-ils faire ? Elle lui a proposé d’inventer une histoire. Par exemple, prétendre que Wafae est tombée dans les escaliers de l’immeuble. Une proposition qui n’a pas plu au mari. «Nous devons nous débarrasser du cadavre», lui a-t-il proposé. Comment ? Il a saisi un grand couteau et il s’est chargé de découper le cadavre en morceaux. Après, il les a mis dans des sachets. À bord de sa voiture, il est arrivé, en compagnie de sa femme, à s’en débarrasser en les jetant tout au long de la route nationale reliant Safi à Essaouira. Un acte criminel qui leur a coûté la peine capitale.
Aujourd'hui le Maroc, 17-12-2008
Par : Abderrafii ALOUMLIKI