Un coeur artificiel pour pallier la pénurie de dons d'organes Une machine à la place du cœur. L'expression, bientôt, n'aura plus rien de symbolique. Alain Carpentier, spécialiste des greffes cardiaques à l'Hôpital européen Georges Pompidou, a annoncé ce lundi que le projet de cœur artificiel total auquel il travaille depuis quinze ans allait maintenant être produit de façon industrielle pour être implanté «d'ici à deux ans et demi» chez l'homme.
Ce cœur va être réalisé par une entreprise biomédicale, Carmat, émanation du groupe européen de défense et d'aéronautique EADS, qui bénéficie du soutien de la banque publique d'aide aux petites et moyennes entreprises Oséo.
Pallier la pénurie de greffonsSelon Alain Carpentier, les prototypes expérimentaux mis au point par son équipe ont été testés chez l'animal mais «surtout par simulation numérique». «Le cœur artificiel est prêt, il a besoin d'être fabriqué industriellement», a-t-il affirmé. Il a noté que «tous les composants de la prothèse» n'ont fait apparaître aucune «complication d'usure».
Plusieurs équipes dans le monde travaillent à la mise au point d'un cœur artificiel total, qui permettrait de pallier la pénurie de greffons.
Plus besoin d'anticoagulantsCelui d'Alain Carpentier résout le problème essentiel que rencontrent les cœurs artificiels partiels existants, à savoir «la formation de caillots». L'objectif du chercheur est de mettre au point un produit qui permette de se passer d'anticoagulants, indique «Le Monde» dans son édition de mardi.
Ce cœur utilise par ailleurs des matériaux mieux tolérés, «bioprothétiques», qu'Alain Carpentier indique avoir inventés pour des prothèses de valves cardiaques vendues aujourd'hui dans le monde entier, et qui sont fabriqués à partir de «tissus animaux traités chimiquement pour éviter le rejet immunologique».
Un bijou biotechnologique qui a un prixIl reproduit en outre la physiologie d'un coeur normal, avec les mêmes flux sanguins, la même «hémodynamique».
Un petit bijou biotechnologique qui a un prix. Selon «Le Monde», la société Carmat a déjà réuni plus de 55 millions d'euros, EADS étant le principal investisseur. Et le tour de table n'est pas fini. Reste à savoir combien ce coeur artificiel coûtera à l'assurance-maladie.
C. F. (20minutes)