La création par des compagnies d’assurances de « crédits santé » inquiète certaines associations, qui dénoncent une évolution marchande du système de santé et des dérives qu'ils risquent d'engendrer (endettement, recours à des soins coûteux, chirurgie esthétique...)
Des crédits pour se faire soigner...
Un organisme de crédit propose de financer les soins, via un crédit renouvelable pouvant atteindre 4000 euros.
De nouveaux crédits à la consommation émergent : les "crédits santé" destinés à financer les dépenses de santé coûteuses dont les soins dentaires.
Après la télévision, c'est au tour des lunettes ou des couronnes dentaires d'être achetées à crédit. Ces nouveaux types d'emprunt à la consommation, les "crédits santé", sont arrivés en France courant juin suite à l'alliance de l'assureur Swiss Life et de l'organisme de crédit Sofinco. Baptisé le "Swiss crédantisé", il permet aux clients de "financer les dépenses de santé restant à leur charge après le remboursement de la Sécurité sociale et de leur complémentaire" explique la chef de projet, Véronique de Galbert, à l'AFP. Sont visés les soins dentaires, l'optique ou encore les prothèses auditives dont les coûts restent importants pour les patients. Ce crédit renouvelable peut aller jusqu'à 4 000 euros, avec un taux d'emprunt à 5.90%. "L'objectif n'est pas d'endetter nos clients mais qu'ils puissent se soigner sans attendre" se défend Mme de Galbert.
Pourtant, le crédit revolving est une des causes principales du surendettement. "Ce crédit est un pas de plus vers la marchandisation de la santé, c'est catastrophique" dénonce Jacques Mopin, de l'UFC-Que Choisir. "Il serait assez dramatique que des gens se retrouvent surendettés parce qu'ils ont des crédits sur le dos pour payer des soins" poursuit-il. Un point de vue partagé par Marc Morel, directeur du collectif d'usagers de la santé (CISS), pour lequel "le dentaire et l'optique ne sont pas des produits de luxe, et instaurer de tels crédits accrédite encore plus l'idée que ces soins ne doivent plus être pris en compte par l'assurance maladie, mais reposer sur les personnes."
Mais face aux sommes restant à la charge des patients, ces types de crédit semblent dessiner un nouveau filon pour les sociétés d'assurance et d'emprunt. Le groupe de prévoyance AG2R vient de lancer, également en collaboration avec Sofinco, "Flexeo Crédit Santé" dont la cible est les seniors. Quant à l'organisme de crédit Cetelem, il propose un crédit "Santé bien être" pour financer "soins dentaires, besoin de lunettes, cure en thalassothérapie, ou encore chirurgie esthétique."
Le Figaro 13/07/07