La première clinique musulmane de Russie ouvre à Moscou
La première clinique musulmane a ouvert ses portes à Moscou, saluée par les responsables religieux comme un signe de plus grand respect de l'islam dans un pays qui compte 20 millions de musulmans.
Lors de la cérémonie d'inauguration début décembre, le grand mufti de Russie, Ravil Gainoutdine, a qualifié d"événement historique" l'ouverture de cette clinique, installée dans un bâtiment moderne, aux murs ornés d'inscriptions coraniques, dans le sud-est de la capitale russe.
"La communauté internationale peut désormais voir que dans la Russie multiethnique et multiconfessionnelle, chaque citoyen a le droit aux soins médicaux", a déclaré le grand mufti.
La clinique, qui compte une cinquantaine de médecins et infirmières, occupe le premier étage d'un centre médical privé. L'établissement offre aux patients une salle de prières, une salle d'ablution et un bar où on sert des repas halal.
L'examen des femmes est effectué par des infirmières et des femmes médecins, portant foulard islamique de couleur blanche, tuniques larges et pantalons, en présence des maris ou d'autres femmes. Les hommes sont traités par des hommes médecins dans une section à part.
"Ce qui est important ici, c'est l'atmosphère", dit un médecin syrien, Kadyr Makhmoud, installé en Russie depuis deux ans.
"Les femmes sont habillées d'une manière modeste, il y a un endroit pour les prières, c'est important pour les Musulmans", ajoute-il, assurant que "la communauté musulmane en avait besoin".
Un million des 20 millions de Musulmans vivant actuellement en Russie habitent à Moscou.
La clinique espère surtout attirer les diplomates du Proche-Orient et des pays du Golfe qui travaillent en Russie, mais préfèrent aujourd'hui se faire traiter dans leurs pays d'origine. Le grand mufti de Russie a appelé les diplomates à "envoyer leurs femmes" à la clinique.
Le prix moyen d'une visite médicale y est de 800 roubles (22 euros), ce qui reste très abordable pour un Moscovite moyen, notamment par rapport aux centres médicaux privés occidentaux.
La clinique a été ouverte avec le soutien de la ville de Moscou et du ministère de la Santé, dans le cadre d'une politique de conciliation avec la communauté musulmane après des années de relations tumultueuses, dans un pays majoritairement orthodoxe marqué par un renouveau de l'islam après la chute de l'URSS en 1991.
Le président Vladimir Poutine a déclaré en novembre, lors d'une rencontre avec les responsables musulmans du pays, que "les Musulmans jouaient aujourd'hui un rôle positif en Russie".
Cette nouvelle tonalité politique contraste avec le sentiment anti-musulman engendré entre autres par la guerre en Tchétchénie, où les rebelles islamistes sont encore actifs malgré la fin officielle du conflit.
Selon Viktor Kissine, chef de la chaîne de cliniques "Prix Qualité" qui héberge la clinique musulmane, des établissements similaires pourraient s'ouvrir dans d'autres villes comme Oufa, capitale du Bachkortostan (Oural) ou Kazan, au Tatarstan (Volga), des républiques russes à large majorité musulmane.
Selon Arslan Sadrïev, membre du Conseil des muftis, les hôpitaux du Caucase russe, là aussi à la population majoritairement musulmane, ne se différencient en rien du reste du secteur hospitalier russe.
"Nous espérons que le gouvernement considèrera cette clinique comme une expérience réussie et l'utilisera comme un exemple", conclut-il.
AFP, Moscou