Je ne suis pas étonnée par les révélations de l'article... Cette grippe est un jackpot pour les labos pharmaceutiques...
Sanofi Pasteur investit au Mexique, pure coïncidence
A qui peut bien profiter la grippe ? A ceux qui fabriquent les traitements et les vaccins, pardi. Certains pensent que que les laboratoires pharmaceutiques, à la sombre réputation, savaient que la pandémie pointait son nez. Et que Sanofi Pasteur aurait pour cela investi 100 millions d'euros dans une usine au Mexique : le leader mondial du vaccin aurait pris position là où est née la grippe afin d'engranger de juteux bénéfices, une fois la pandémie déclarée…
Retour sur les faits. Lors de la visite officielle de Nicolas Sarkozy chez son ami Calderon, le 9 mars 2009, l'annonce, en présence du ministre de la Santé mexicain, de la signature d'un gros contrat pour construire une usine à Ocoyoacac passe inaperçue.
Ceux qui relisent aujourd'hui les termes de l'annonce sont troublés :
« La nouvelle usine de Sanofi Pasteur au Mexique sera construite selon les standards permettant à Sanofi Pasteur de basculer aisément de la production de vaccin contre la grippe saisonnière à celle de vaccin contre la grippe pandémique, dans l'éventualité où une pandémie de grippe humaine viendrait à être déclarée et une fois la souche de virus grippal pandémique identifiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). »
« Pure coïncidence ? » se demande Bellaciao, d'autant que c'est aussi ce 9 mars que les autorités mexicaines se sont pour la première fois « alertées de la propagation d'une épidémie touchant les habitants de La Gloria ».
Nombreux sont les riverains qui se sont interrogés sur la connaissance ou non par Sanofi de l'apparition du virus avant la date indiquée par les autorités. Des internautes sont même allés jusqu'à filmer le communiqué sans apporter le moindre commentaire et ont posté cette vidéo sur Dailymotion, dont la seule valeur ajoutée éditoriale est le titre « Grippe mexicaine, Sanofi savait ? ? ? ».
Difficile de savoir si les autorités mexicaines ont retardé l'annonce de l'épidémie. En revanche, le machiavélisme de Sanofi Pasteur peut être écarté.
Un projet ancien
Le leader mondial des vaccins s'est dit « prêt à soutenir les efforts de santé publique pour lutter contre la circulation du nouveau virus grippal A/H1N1 ». Pour autant, ce n'est pas au Mexique que ces vaccins pourraient être fabriqués. Et pour cause, l'usine dont le chantier vient de démarrer ne sera inaugurée qu'en 2012 au plus tôt.
Contacté, le docteur Albert Garcia, porte-parole Sanofi Pasteur, nous a expliqué ce qui a motivé l'implantation au Mexique :
« Notre choix d'agrandir le site d'Ocoyoacac, où nous avions déjà une activité industrielle, est lié à la volonté du gouvernement mexicain de promouvoir le vaccin saisonnier contre la grippe et de le prendre en charge. De même en 2007, nous avons investi 94 millions de dollars pour la construction d'une usine de vaccins antigripaux à Shenzhen en Chine. La production est chaque fois destinée au marché local. »
Quant au fait que l'usine soit prête à fabriquer le vaccin pandémique, simple coïncidence ?
Il se trouve que « toutes nos usines peuvent basculer instantanément du saisonnier au pandémique, dès que l'Organisation mondiale de la santé nous le demandera », explique Albert Garcia.
Etre prêt pour une pandémie
Ce médecin, et les autres que nous avons interrogés, nous expliquent que depuis la grippe aviaire en 2004, « l'OMS a alerté tout le monde de l'arrivée possible d'une pandémie, car le virus peut muter », comme ce fut le cas trois fois au XXe siècle (grippe espagnole de 1918 qui fit au moins 30 millions de morts, puis celle de 1957 qui tua 2 millions de personnes et celle de 1968, dont le bilan officiel est 1,2 millions de morts).
« La différence entre une épidémie de grippe et une pandémie de grippe est que la première tue les plus faibles, à 90% les plus de 60 ans, et la seconde peut tuer tout le monde », précise-t-il.
Si l'OMS décrétait la phase 6, c'est-à-dire ultime, de la pandémie, et lançait la production d'un vaccin, il serait issu « d'un travail de collaboration entre les gouvernements et les producteurs, sous les ordres de l'organisation supranationale qu'est l'OMS ».
Sanofi Pasteur solliciterait alors ses deux plus grosses usines de fabrication de vaccins anti-grippe, celle de Val-de-Reuil (dans l'Eure) en France et une autre située aux Etats-Unis, qui à elles deux « fabriquent 40% des vaccins antigrippe dans le monde ».
Quant à savoir si Sanofi Pasteur, division vaccins dans les mains de Sanofi Aventis, s'enrichirait si la pandémie était déclarée, le laboratoire répond :
« Il n'y a pas de compétition sur ce problème de santé publique, il faut produire un maximum de doses le plus vite possible. On ne gagnera pas plus d'argent que sur un autre, les prix seront adaptés pour que tous les pays y aient accès. Et les vaccins seront remis aux autorités de santé, ils n'iront pas sur le marché privé. »
Ce qui est sûr, c'est que le titre Sanofi Aventis se porte bien depuis un mois.
Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 04/05/2009