Tout le monde le sait ou presque. Comme l’enrichissement de certains ex-terroristes ne passe pas inaperçu, aux Issers, la success story d’un ancien membre des groupes islamiques armés, puis du GSPC, est sur toutes les lèvres.
L’histoire de ce postier est en fait une véritable fiction. Tenez-vous bien, le premier acte terroriste, le baptême du feu de cet employé de la poste des Issers fut un hold-up contre sa propre agence. Après des années passées au maquis, il se rend aux services de sécurité et devient, quelques années plus tard, patron d’une unité de fabrication de fromage et un VIP devant lequel toutes les portes s’ouvrent. Le cas de ce postier indélicat n’est pas unique... Deux autres repentis de la région ont eu la même veine : le premier, mort dernièrement dans un accident de la circulation, selon des informations recueillies sur place, s’est vu offrir par l’APC un terrain pour vendre des matériaux de construction. L’affaire avait tellement bien marché et sa rente en expansion qu’il n’a pas mis beaucoup de temps à acheter un autre lot de terrain, en ces temps de disette foncière, « pour construire son avenir ». Le deuxième, parti lui aussi de rien, bien que plus discret que les autres, s’est offert deux maisons, l’une dans la wilaya de Boumerdès et l’autre à Béjaïa. Mais l’histoire la plus rigolote, si l’on peut en rire aussi, reste celle de ce repenti du village agricole de Omar qui serait descendu du maquis, selon radio trottoir, avec une belle somme. L’ex-terroriste a tenté d’intégrer le secteur du bâtiment. Il aurait même eu, selon des sources locales, une petite part, en partenariat, du marché de construction d’un ensemble de logements dans la ville des Issers. Son train de vie a pris une telle vitesse qu’il n’a pas pu rester sur la même lancée. Selon l’un de ses voisins, le repenti est devenu un habitué des bars et des boîtes de nuit. Il s’est offert deux voitures de luxe qu’il a fini par réformer, l’une après l’autre. Après avoir claqué toute sa rente, « drahem lahram maiedoumou », il est rentré au douar, nous dira notre interlocuteur.
El Watan, 30-11-2008.