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Description:
Salomon fils de David est un très grand personnage, cher aux trois religions monothéistes. Cité aussi bien dans l’Evangile que dans le Coran, il n’apparait bien sur pas dans la Thora qui a été révélée à Moise 2000 ans auparavant.
Cependant, les deux Livres des Rois mentionnent son histoire.
Tous lui accordent une totale soumission à Dieu, une sagesse exemplaire et un pouvoir et une puissance hors du commun. Il fait sans nul doute partie de la conscience collective de milliards de personnes des trois religions.
Ceci dit, il est bon de noter la très grande valeur artistique du film.
Salomon et la reine de Saba est un film d'aventures, dans une interprétation libre de son réalisateur King Vidor, qui d’ailleurs ne s’inspire que très partiellement des Livres des Rois. Il est sorti en 1959.
Résumé du film
Vers -1000, David roi d'Israël d’âge avancé doit passer le pouvoir à un de ses fils. Le prince Adonias est un grand chef de guerre et le prince Salomon est un homme sage et pacifique. David fait un rêve ou Dieu lui dit qu'Israël sera plus prospère et heureuse par la paix que par la guerre. Il désigne donc Salomon comme son successeur.
Salomon doit alors résister contre son puissant voisin, le pharaon d'Égypte Siamon qui veut l'anéantir, son demi frère aîné Adonias qui veut le tuer pour récupérer le trône malgré les dernières volontés de son père le roi David, et la très belle et puissante reine de Saba (quelque part entre le Yémen et l'Éthiopie), complice du Pharaon d'Égypte, venue tenter de le séduire pour trouver ses points faibles et le détruire.
Salomon tente de se réconcilier avec son frère Adonias, élève un temple monumental au Dieu de ses pères, rend la justice avec une sagesse légendaire.
Un amour sincère ne tarde pas à naître entre Salomon et la reine de Saba, déchaînant la fureur des guerres d'extermination, la colère divine, la mort d'Abishai – jeune fille amoureuse de Salomon et qui symbolisait l'unité politique d'Israël. De la sabéenne ou de Salomon, qui reconnaîtra finalement le monde de l'autre en renonçant au sien ?
L'ultime tournage de fut filmé en Espagne, près de Madrid, et restera dans la mémoire des cinéphiles pour le décès sur le plateau de Tyrone Power, qui en était la vedette. Ce samedi 15 novembre 1958, le beau Tyrone dont c'était à 45 ans le 47e film s'écroulait foudroyé par une crise cardiaque pendant qu'il répétait une scène de duel avec George Sanders qui incarnait son frère-ennemi Adonias.
Une semaine après, jour pour jour, Yul Brynner reprenait le rôle au pied levé, dans ses costumes retaillés. Contre toute habitude, Vidor - après le tournage des scènes de bataille réalisées avec le concours de l'armée espagnole - avait d'abord tourné les plans d'ensemble avec les acteurs, réservant pour la fin les gros plans. Ne seront conservés des plans tournés par Tyrone Power que ceux où il est vu de loin.
La différence d'allure obligera Brynner à refaire toutes les autres. La scène de la charge des chars égyptiens aveuglés par les boucliers de bronze des Israélites, qui vont ensuite se fracasser dans un ravin est un des deux grands clous du film, le second étant la danse païenne de Gina Lollobrigida en l'honneur de son dieu de l'amour et de la fertilité, Râ-Ghon, au cours de laquelle le fils de David s'unira à la reine de Saba. Chaste orgie chorégraphiée à l'hollywoodienne dans un de ces décors de carton-pâte dont nous raffolions alors, où la musique envoûtante de Mario Nascimbene donnait sa pleine mesure.
Le roman de Crane Wilbur, d’où est tiré le film, a été écris dans un contexte politique particulier. Il commence par cette phrase : «Mille ans avant la naissance du Christ la frontière entre Israël et l'Egypte était la même que maintenant.» L'année précédente, les chars de Tsahal l'avaient remporté en occupant le Sinaï et en s'assurant de la liberté de navigation dans le golfe d'Aqaba (29 octobre-5 novembre 1956). La guerre de '56 avait été le triomphe des Sherman T-3 sur les T 34 livrés à Nasser par les Soviétiques. Ironie ? Dans le film où sont engagés 72 chars antiques reconstitués ceux des Egyptiens sont, conformément à la réalité archéologique, attelés «à l'ancienne», avec un joug et un collier. Mais ceux des Israélites sont d'une conception moderne, avec un palonnier et un licou qui, reportant la pression sur le poitrail des chevaux, ne les étrangle pas. Ces chars sont évidemment plus maniables et performants, et l'unique char égyptien «moderne» est celui des cascadeurs.
Ultime film de King Vidor (1894-1982) et le couronnement plastique comme thématique de sa carrière. C'est un des plus grands «péplum» bibliques du cinéma américain mais aussi un film très personnel.
C'est l'occasion rêvée pour lui de manifester sa puissance épique visuelle héritée du cinéma muet dont il fut à Hollywood l'un des artisans et de traiter son thème de prédilection qui est la peinture d'une passion déchirée et déchirante de deux êtres hors du commun. Gina Lollobrigida et Yul Brynner rejoignent ainsi la galerie filmographique des couples vidoriens les plus flamboyants - Gregory Peck et Jennifer Jones (1946), Gary Cooper et Patricia Neal (1949), Charlton Heston et Jennifer Jones (1952), Kirk Douglas et Jeanne Crain (1955) pour ne citer qu'eux - mais la source biblique de l'histoire donne au film une universalité ample, impressionnante jamais atteinte auparavant par le cinéaste. Vidor a eu les moyens de ses ambitions de producteur-réalisateur. Pour donner un exemple concret de l'ampleur du tournage, mentionnons qu'un train de 40 wagons fut nécessaire pour transporter le matériel et l'équipe dans le désert de Los Monegros où Vidor filma l'affrontement fantastique entre l'armée du Pharaon et celle de Salomon avec l'aide de plusieurs divisions de l'armée espagnole. Le temple édifié par Salomon, les armes, les bijoux, les vêtements correspondent à ce qu’on peut trouver dans le Premier Livre des Rois.
Cependant la biographie de Salomon ne mentionne nullement ces amours royaux imaginés par Vidor et ses quatre scénaristes
On peut oublier les allusions aux derniers développements du conflit du Proche-Orient qu'analysaient les critiques de 1959. Elles ont peut-être existé dans l'esprit du réalisateur mais sont contingentes : la parabole racontée est universelle et intemporelle. Retenons une mise en scène, une direction d'acteurs d'élite, un travail des directeurs d'équipes secondaires qui tous illustrent à la perfection un scénario construit comme une répétition circulaire progressant dialectiquement : construction puis destruction puis reconstruction physique comme morale des individus, portée aux niveaux politiques comme psychologiques, militaires comme religieux. Vidor traite ici ni plus ni moins que le thème de la reconnaissance individuelle d'une part, celui de la lutte des visions du monde d'autre part.
Le moindre détail psychologique ou plastique participe à la rigueur de la démonstration, à la construction de son sens profond. La profondeur de champ est utilisée d'une manière admirable dans les scènes d'intérieurs du temple ou du palais. Subtils mouvement de grues, recadrages d'une extrême précision, économie syntaxique aboutissant à l'épure et au monumental : le film est d'un dynamisme et d'une beauté confondants. Il atteint parfois une poésie fantastique (l'orgie sacrée païenne, la destruction du temple de Salomon, la chute dans l'abîme des armées de Pharaon, la «résurrection» de la reine de Saba) ou lyrique (les amants sur la barque) traitée de la manière la plus directe et la plus dépouillée. Les scènes intimistes sont traitées avec la même puissance dramatique que les scènes spectaculaires monumentales. C'est dire que la même beauté et la même violence fondamentales traversent le film de part en part.
Fiche technique
* Titre : Salomon et la reine de Saba
* Titre d'origine : Solomon and Sheba
* Réalisateur : King Vidor
* Scénaristes : Anthony Veiller, George Bruce et Paul Dudley
d'après l'histoire de Crane Wilbur inspirée du récit biblique
* Directeur de la photographie : Freddie Young
* Musique : Mario Nascimbene
* Décors : Richard Day, Alfred Sweeney, Dario Simoni
* Costumier : Ralph Jester
* Maquilleurs : John O'Gorman, Tom Smith, Thomas Tuttle
* Coiffeuse : Anne Box
* Monteur : Otto Ludwig
* Pays d'origine : États-Unis
* Producteurs : Ted Richmond, Tyrone Power
* Société de production : Theme Pictures (États-Unis)
* Format : Couleur par Technicolor :
* Genre : péplum
* Durée : 139 min
* Date de sortie : 24 novembre 1959 au Japon
Distribution
* Yul Brynner : Le roi Salomon
* Gina Lollobrigida : La reine de Saba
* George Sanders : Adonijah
* Marisa Pavan : Abishag
* Finlay Currie : Le roi David
* David Farrar : Le pharaon Siamon
* Harry Andrews : Baltor
* Julio Peña : Zadok
* John Crawford : Joab
* José Nieto : Ahab
* Jack Gwillim : Josiah
* Jean Anderson : Takyan
* Laurence Naismith : Hezrai