Les cigarettes bonbons attirent les adolescents14% des 12-15 ans ont déjà testé les cigarettes aromatisées fraise, vanille ou chocolat. Les médecins dénoncent les effets pervers de ce tabac aromatisé.
Elles sont roses ou noires, ont un goût de chocolat, de vanille ou de fraise, et s'allument à la sortie du collège. Les «cigarettes bonbons» sont entrées dans les habitudes des adolescents, à en croire les résultats d'une enquête de l'association Paris sans Tabac, rendue publique hier.
«Ce tabac au goût sucré a atteint sa cible : c'est un produit d'initiation, qui séduit les plus jeunes élèves, filles comme garçons», interprète Bertrand Dautzenberg, président de l'Alliance contre le tabac en Ile-de-France.
Selon l'enquête réalisée auprès des collèges et lycées de l'académie de Paris, 30 % des fumeurs âgés de 13 ans consomment régulièrement des Pink Elephant ou des Black Devil. Leur intérêt diminue toutefois avec l'âge : ils ne sont plus que 5 % à en fumer à 15 ans.
Intervenant après plusieurs années de recul du tabagisme chez les plus jeunes, le récent intérêt des adolescents pour ces cigarettes inquiète les médecins. «Trompés par la douceur de la fumée, ils inhalent profondément et augmentent ainsi leur risque de dépendance ultérieure, s'alarme le Pr Gilbert Lagrue, médecin à l'hôpital Albert Chenevier de Créteil *. D'autant que, plus l'expérimentation est précoce, plus ce risque est grand.»
Effet rassurant«Il est troublant de constater que l'arrivée de ces nouvelles cigarettes sur le marché coïncide avec une reprise de la consommation», renchérit Bertrand Dautzenberg. Le nombre d'élèves âgés de 13 à 18 ans qui fument tous les jours a en effet augmenté depuis 2007, indique l'enquête. Malgré l'interdiction de vendre du tabac aux moins de seize ans, votée en 2004 et encore peu appliquée. Selon un test du Comité national contre le tabagisme, les buralistes enfreignent la loi dans 74 % des cas.
Entre 12 et 15 ans, les adolescents sont donc 18 % à avoir déjà fumé du narguilé, 14 % connaissent le goût des blondes et 13 % celui des brunes. Ils sont aussi 14 % à avoir testé les cigarettes aromatisées. «Après une forte augmentation dans un premier temps, nos ventes ont atteint un seuil en France et ont même accusé une légère baisse l'an dernier, relativise Jaap van de Wal, le directeur exécutif de Heupink & Bloemen, la marque hollandaise qui a lancé ce produit décrié. Notre but est de fidéliser des fumeurs qui s'offrent pour changer, le week-end, une cigarette parfumée.» La marque écoule un million de paquets par an en France et évalue à «quelques milliers» le nombre de ses clients.
Or la douceur du goût et le style des paquets ont un effet rassurant sur les collégiens et les lycéens. Selon l'enquête de Paris sans Tabac, plus de la moitié des sondés croient que les cigarettes parfumées sont «moins dangereuses que les autres».«Après les light, les super-light, les industriels ont inventé la cigarette bonbon pour contrer le travail de prévention et d‘information des médecins», déplore Gilbert Lagrue.
Le Figaro, 22/05
* Auteur de « Parents : alerte au tabac et au cannabis », Ed. Odile Jacob.